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Juste ce que pourrait-être l’introduction d’une telle dissertation… Une problématisation possible du sujet, en guise d’exercice de style !
Dire que la connaissance procède de la raison, c’est dire que la perception, l’apparence sensible n’est pas une source fiable de connaissance. Partons d’une petite expérience de pensée : soit un morceau de cire, rapprochons-le d’une flamme et observons sa métamorphose. Approché d’une source de chaleur, chacune de ses caractéristiques sensibles est modifiée : le morceau change de forme, de couleur, de consistance, il devient insipide, inodore et insonore. Bref, rien ne demeure de l’image concrète que nous en donnaient nos sens. Pourtant, nous savons bien que c’est de la même cire qu’il s’agit. Il est donc évident que, pour avoir une connaissance « claire et distincte » de la cire, nous ne pourrons pas nous appuyer sur de simples impressions sensibles. Il faudra, par le raisonnement, dégager les éléments constitutifs qui se retrouvent à l’identique dans tous les états de la cire et dans tous les morceaux de cire. Il semble donc effectivement, à première vue, que nos sens nous informent seulement de l’existence de l’objet, mais ne nous en donnent jamais une connaissance complète, et que la connaissance de ce que sont les corps ne vient pas du corps, des sensations, mais de l’esprit. En somme, toute connaissance procèderait de la raison, faculté spécifiquement humaine de juger (distinguer le vrai du faux), de connaître et de comprendre. La connaissance repose sur notre faculté de concevoir, c’est-à-dire produire des représentations objectives.
Mais si la raison est l’instrument privilégié de la connaissance, est-ce à dire que toute connaissance ne vient pas des sens, et que l’on ne puisse pas avoir un rapport immédiat au réel ? Que la même cire demeure alors que toutes ses qualités sensibles changent, signifie-t-il pour autant qu’on puisse se passer de l’expérience ? Le problème du lien que la raison entretient avec le réel est donc double : la question qui se pose est d’une part de savoir si la connaissance vient de la raison (rationalisme) ou bien si elle peut venir de l’expérience sensible (empirisme). La difficulté, de ce point de vue, est que : s’il n’y a pas de connaissance de la réalité sans expérience, la connaissance ne se limite pas à la pure et simple observation des faits : la raison semble cette grille toujours plaquée sur le réel ; ce qu’elle critique, ce sont les apparences de l’expérience première. Mais d’autre part, si la connaissance ne dérive pas toute de l’expérience, il n’en reste pas moins que toute connaissance commence avec l’expérience ! Par ailleurs, si la connaissance provient essentiellement de la raison, est-ce que cela signifie que la raison ne fasse jamais d’erreurs, et qu’elle ne soit pas parfois la proie de l’irrationnel, autrement dit que ce réel (assemblage d’existence et de vérité) se trouve toujours déterminé par la raison ?
Il s’agira donc de montrer que si la raison est l’instrument privilégié de la connaissance, elle n’en est pas la seule source, et que raison, perception et imagination vont toujours de pair et sont autant de modalités pour la connaissance. Ne pourrait-on pas dire, que la connaissance, loin d’être purement intellectualiste, ne s’interdit ni le recours à la sensation, ni le recours à l’imagination ?
Par Marine Azencott.